Nation

- Groupe d'hommes dont les membres sont unis par une origine réelle ou supposée commune et qui sont organisés primitivement sur un territoire.

- Groupe humain, généralement assez vaste, dont les membres sont liés par des affinités tenant à un ensemble d'éléments communs ethniques, sociaux (langue, religion, etc.) et subjectifs (traditions historiques, culturelles, etc.) dont la cohérence repose sur une aspiration à former ou à maintenir une communauté.

- Élément de l'État constitué par le groupement des individus fixé sur un territoire déterminé et soumis à l'autorité d'un même gouvernement

- Personne juridique constituée par l'ensemble des individus composant l'État, mais distincte de ceux-ci et titulaire du droit subjectif de souveraineté`

Identité

- Caractère de deux ou plusieurs êtres identiques

- Ensemble des traits ou caractéristiques qui, au regard de l'état civil, permettent de reconnaître une personne et d'établir son individualité au regard de la loi.

Le débat qui s’anime aujourd’hui autour de « l’identité nationale » manifeste clairement que cette notion est une construction de l’esprit, une construction subjective. Chacun sait que la « nation française » ne s’est constituée qu’entre la fin du XIXème et le début du XXème siècle. La Nation s’est alors construite autour d’une langue, le français, et d’événements historiques (guerre contre la Prusse en 1870 soldée par une défaite, et Ière Guerre Mondiale).

Ce débat manifeste autre chose. Une peur, celle de l’autre, celui qui vient d’ailleurs, et qui pourrait donc mettre en péril un équilibre acquis sur des décennies. Ainsi à l’origine du débat, la volonté de « maintenir une communauté » (cf. définition du mot « nation »).

Autre volonté, celle de maintenir des « valeurs » : « Faire partager les valeurs de l’identité nationale auprès des ressortissants étrangers », sur le site du débat sur l’identité nationale » nous dit le site d’Eric Besson. Or, il me paraît étrange de présupposer des « valeurs » fixes, inaltérables, éternelles, pour une notion grandement subjective dès lors qu’on sort du champ d’application juridique (cf. définition de « identité » -> « établir son individualité au regard de la loi »). En effet, ce serait postuler que « l’identité nationale » a existé de tout temps, qu’elle se serait délitée et qu’il s’agirait aujourd’hui d’en rétablir les contours. Cependant, la notion d’ « l’identité nationale » est nécessairement mobile puisque, construite pas les hommes, elle accompagne l’histoire des sociétés. Ce débat me paraît donc faussé d’avance, condamné à ne pas dépasser de bien loin les clichés ou à tomber dans une pensée figée, momifiée (cf. proposition de créer une « cérémonie solennelle lors de l’accession à la nationalité française. »)

Cela ne signifie pas, bien entendu, qu’il n’y ait pas de sentiment d’appartenance à une nation. Mais quand se manifeste ce sentiment ? Paradoxalement, à l’étranger ! Demandez à n’importe quel français qui s’est rendu aux Etats-Unis, au Mexique, moins loin encore, en Espagne, au Royaume-Uni…N’importe qui vous dira qu’il s’est senti dépaysé. Pourquoi ? Moins pour des questions de valeurs abstraites (l’art, la culture, la fraternité, les valeurs des Lumières, de la Révolution) que pour des choses très concrète. Première chose, la langue. Soit. Pour le coup, elle est un élément sine qua non de la constitution d’une « identité nationale » (et encore, comment ça se passe dans les pays bilingue, cf. Canada ?) Seconde chose, ce qui relève des mœurs : la nourriture surtout (qui n’a jamais, à l’étranger, regretté « sa » baguette, « son » fromage, etc…etc…), la conduite en ville (les italiens sont des chauffards…), les horaires des repas (les espagnols mangent si tard ! et les américains si tôt !). Ce que j’essaye de dire, c’est que cette identité dont on parle, elle n’a d’existence concrète non pas face à l’autre mais chez l’autre.

Et puis, l’identité n’est pas la plupart du temps « nationale ». L’échelle est plus réduite. Au sein de la France, ne voit on pas l’affirmation de « terroir », de « régions », ne voit-on pas des gens se revendiquer, plus que de la France, de leur ville/village/voire arrondissement (cf. Paris) ? La Nation ne peut pas se réunir sur l’ordre de qui que ce soit. Elle se réunit autour d’événements. Le dernier en date, peut-être, serait la coupe du monde 98…

Ce que j’essaye de dire, c’est que j’ai l’impression que l’on masque sous des questions théoriques ou péremptoires (l’identité nationale c’est ceci, c’est cela) d’abord une peur de l’autre. En d’autre terme, qu’est-ce que la France si on ne peut plus identifier les français à leur couleur ?

Or, pour résoudre se problème, il s’agit moins de mettre en place des cérémonies solennelles qui couronnent l’intégration d’un immigré en France, ou de dire qu’il faut récompenser ceux qui « ont accompli des efforts exceptionnels d’intégration » (cf. site de Besson) que de s’atteler concrètement aux problèmes pratiques qu’apporte le fait de constituer une nation dont le point de repère n’est plus la couleur.

En d’autre terme, comment déjà faire pour que, dans le regard de l’autre, si je ne suis pas blanc, rosé ou je ne sais, comment faire pour que l’autre ne se dise pas : « celui-là est étranger ».

Car s’est avant tout dans le regard de l’autre que se construit l’image de soi, l’image que l’on a de soi. Comment faire pour me sentir française si dans ce regard, je vois de la suspicion, du doute ?

Evidemment, il ne faut pas généraliser, mais tout de même, le combat à mener est moins celui des mots au sein d’un débat que celui contre les clichés qui nous affectent tous.

Aussi, Madame, Monsieur, je vous poserai cette question : Lorsque vous me regardez, que voyez-vous ? Ce que je suis ? Ou bien une image de ce que je devrais être ? Mais devrais-je être autre chose que moi-même ?

Copyright Princesse Esther KAMATARI Conseiller Municipal Délégué